Appel à communications
L’expérience de la démocratie : entre expertise et expérimentation
Colloque organisé dans le cadre du Congrès 2015 de la Société de philosophie du Québec
25 au 29 mai 2015, Université du Québec à Rimouski
À l'heure actuelle, les démocraties fonctionnent selon une procédure d'élection de représentants considérés comme des experts des questions politiques. Ces spécialistes seraient les plus aptes à prendre les décisions publiques pour les citoyens, car les citoyens n'ont ni le temps ni les connaissances suffisantes pour décider.
À cette vision élitiste de la démocratie, certains philosophes (depuis Aristote jusqu'à Estlund) ont avancé un argument épistémique en faveur de l'intelligence du plus grand nombre : la multitude, parce qu'elle comprend une diversité de connaissances des problèmes de vie en collectivité, serait un public plus intelligent pour choisir des décisions appropriées. Dans cette optique, la démocratie est un bon régime, non en raison des valeurs qu'elle instaure, mais en raison de la procédure réflexive et complexe qu'elle impose afin de trouver les meilleures décisions. Ce modèle entend donc fonder l'autorité d'une décision sur sa validité épistémique, dans le sens où elle se rapprocherait le plus possible d'un critère de vérité.
Les néo-pragmatistes qui s'inspirent de Peirce et de Dewey ont reproché à cette approche procéduraliste – selon laquelle une bonne décision est une décision qui ressort de procédures de délibération entre divers instances, groupes et citoyens porteurs de savoirs profanes – un cognitivisme politique basé sur des valeurs de vérité substantielles. Selon eux (Bacon, Festenstein, Misak, Talisse, Anderson) la vérité d'une procédure devrait plutôt se baser sur les retours des citoyens qui font l'expérience des décisions dans leurs vies pratiques. Ainsi les citoyens seraient les mieux placés pour juger en aval des décisions. La démocratie serait une méthode expérimentale permettant de tester des options, un mode d'enquête grandeur nature visant la validité pragmatique d'une décision publique.
Nous vous invitons à aborder les débats et les correspondances entre les théories épistémiques et les théories pragmatistes de la démocratie, pour tenter de cerner les rapports qu'entretiennent démocratie et vérité. Jusqu'à quel point avons-nous besoin d'une justification épistémique des décisions pour les considérer comme valides? Ne peut-on pas s'en remettre à leur efficacité pratique comme moyen de résoudre des problèmes? Quel rapport y a-t-il entre la démocratie comme méthode permettant de générer de l’intelligence collective, et la démocratie comme pouvoir des acteurs à faire l’expérience des problèmes publics et expérimenter des solutions? Y a-t-il une expertise politique? Si oui, la démocratie est-elle la meilleure procédure pour l'intégrer à la prise de décision? Si les citoyens sont des experts d'usage des problématiques collectives, à quel moment doivent-ils intervenir dans le processus d'élaboration des décisions (en amont comme experts d'usage, ou en aval comme testeurs, expérimentateurs)?
Veuillez envoyer un résumé de votre proposition de communication d’environ 20 minutes (250 mots) au plus tard le 1er décembre 2014 aux responsables du colloque : jonathan.durand.folco@gmail.com et margauxruellan13@gmail.com.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire