mercredi 18 mai 2016

Contrat doctoral - Les Valeurs du soin et le système de soin



CONTRAT DOCTORAL (Sept. 2016 – Sept. 2019)

Les valeurs du soin et le système de soin


Université Jean Moulin — Lyon 3


Appel à candidature contrat doctoral
« Les valeurs du soin. Valeurs, évaluations, et efficience d’un système soins centré patient. Enjeux éthiques et politiques»



Eléments de contexte :

Depuis plus de cinquante ans, philosophes, sociologues et économistes ont progressivement attiré l’attention sur la perte de centralité de la subjectivité du patient, aussi bien dans les discours médicaux que dans l’organisation des systèmes de santé. La standardisation et les progrès technologiques, conditions de l’universalisation de l’accès aux soins et d’une médecine efficace, ont induit une progressive fragmentation de l’expérience de la maladie pour le malade. Ce morcellement, lié à l’objectivisme propre à une épistémologie médicale encore positiviste, va de pair avec la généralisation de la théorie de l’agent économique et de la théorie néo-institutionnelle dans le management des institutions de soin.
En réaction à cette situation, dès les années 1960, l’idée d’une médecine capable de prendre en considération l’homme dans son intégralité, singularité et autonomie, aussi bien au niveau biologique, psychologique que social, a occupé médecins et psychologues, en Europe comme aux États-Unis. L’idée d’un soin centré-patient ou patient-centered care a été formalisée quelques décennies plus tard, et placé par l’Institute of Medicine en 2001 parmi les objectifs principaux de la réforme de la santé.
L’un des concepts-clé, implicite dans les tentatives de penser un système de santé centré autour du patient, est celui de valeur. Depuis la théorie des normes vitales proposée par Georges Canguilhem, jusqu’à la narrative-based medicine et à la value-based medecine, en passant par la client-centered therapy rogersienne et par le modèle biopsychosocial promu par George L. Engel, la question de la valeur est, de plus en plus, au centre des tentatives de compréhension du malade. A partir de ces approches, l’organisation des espaces du soin – les systèmes hospitaliers – doit être pensée de manière telle à laisser un espace pour les choix des patients dans leur parcours de soin, tout en les informant et favorisant  la formation du jugement. Un système de soin centré sur le patient ferait ainsi primer la coordination fonctionnelle sur la coordination sociale, et laisserait de la place à une réflexivité sur les choix techniques. Il constituerait ainsi l’interface concrète entre le soin et les choix politiques.
Partir de la valeur du soin signifie certes s’interroger sur son efficience, susceptible d’être mesurée par des indicateurs, mais aussi évaluer de quelle manière la centricité peut permettre au patient, sujet des soins, de mobiliser ses propres valeurs dans son parcours de soin, et lesquelles de ces valeurs l’organisation peut promouvoir. Si la maladie, en portant atteinte aux capacités de l’individu empêche, contraint, voire aliène, le défi est celui de considérer le malade comme un sujet.

La chaire :

La chaire « Valeurs du soin centré-patient », qui sera inaugurée en octobre 2016 à Lyon III, et dont le programme s’étale sur 9 ans, à l’ambition de poser la question du rapport entre le concept de « soin centré-patient » et celui valeur. À partir d’une approche interdisciplinaire – philosophie, économie, science politique, sociologie, gestion – la Chaire a pour finalité d’engager une réflexion autour de la question du sens et de la valeur de la centricité du patient dans les structures de soins.
Portée par Jean-Philippe Pierron (professeur en philosophie) et par Didier Vinot (professeur en sciences de gestion), la Chaire a comme objectif de créer de nouvelles transversalités disciplinaires et géographiques sur cet objet. Elle implique des études de cas et des missions aux Etats-Unis, sur le site de la Cleveland Clinic, en Chine, sur le site de la DeltaWest Clinic de Shanghaï et dans des cliniques de médecine alternatives au Mexico, et elle engage des partenaires académiques dans les trois pays, ainsi qu’en France.
Dans le cadre de cette recherche, pendant les premiers trois ans, 2 doctorants seront recrutés, un en sciences des organisations (au sens large : science économique, science politique, sciences de gestion, sociologie) et un en philosophie (philosophie du soin, éthique, philosophie de la médecine).

Le  contrat doctoral:

La recherche contrat doctoral en philosophie consistera à déployer la consistance de l’idée de « valeurs du soin » ainsi que les conditions de possibilités éthiques, politiques et ontologiques d’un système de soins centré sur le patient. Le projet du doctorant en philosophie doit adopter une approche réflexive, avoir comme objet l’évolution des concepts d’évaluation, d’efficience et de valeur autour du soin, et, garder, comme horizon idéal, la possibilité de réinstaller le concept de valeur dans les mesures d’évaluation  des modèles de soin. Le projet de recherche, rattaché à l’Irphil, pourra ainsi porter sur des aspects épistémologiques, politiques, éthiques et historiques de la question, et pourra engager des auteurs classiques de l’histoire de la philosophie ou la discussion de cas concrets, engageant ainsi des instruments et concepts philosophiques ou des sciences humaines.

Les sujets abordés dans le projet de thèse pourront concerner :

-         Une définition épistémologique du concept de santé centrée-patient et l’histoire des conceptualisation du rapport entre normale et pathologique, notamment à travers une confrontation entre les approches dites « normativistes » et « naturalistes » aux idées de santé et de maladie produites depuis les années 1980.
-         Une discussion de la portée épistémologique et politique de concepts comme ceux de personne, d’individu et d’autonomie, engagées constamment dans les discours contemporains sur le soin, tant dans les réflexions sur la santé centrée-patient que sur la médecine personnalisée.
-         Une analyse des approches « holistes » en médecine, engageant les idées d’organisme et de totalité vivante développées pendant au cours du XX siècle.
-         Un examen philosophique des transformations des pratiques hospitalières au cours des derniers cinquante ans, éventuellement  prenant  appui sur les études archéologiques sur la naissance et l’évolution de la clinique (Michel Foucault).
-         Une mise relation entre les réflexions sur l’autonomie du patient (patient dit « autonome ») dans les systèmes de soins et les revendications politiques propres aux mouvements des patients.
-         Une réflexion, développée à partir d’études de cas – tant en Europe qu’en Asie et aux Etats-Unis – sur les exemples de systèmes de soins centrés sur le patient. Les approches pourraient engager les théories du care ou bien avec les outils et les méthodes de l’approche par les capabilités (cf. Amartya Sen et Martha Nussbaum)
-         La possibilité de l’élaboration d’une méthode transdisciplinaire d’analyse de la relation soignant-patient.
-         Une histoire et une analyse des différents modèles de relation patient-soignant (patient autonome, modèle paternaliste, etc.), et leur analyse philosophique.

On attend du candidat à l’appel à projet qu’il ait la capacité de proposer une mise en perspective des hypothèses précédentes à partir de l’élaboration d’une philosophie du soin attentive aux enjeux éthiques politiques et ontologiques liés à l’épreuve de l’humain malade.

2 contrats doctoraux seront recrutés, un en sciences des organisations (au sens large : science économique, science politique, sciences de gestion, sociologie), un en philosophie (philosophie du soin, philosophie de la médecine). Ils auront à travailler de concert au sein d’un programme plus large de Chaire santé (voire plaquette pièce jointe). Ils participeront à l’organisation d’un workshop international dès décembre 2015-06-05 et seront associés à la préparation des réunions de recherche et collaboreront à des publications conjointes

Durée 3 ans : début Septembre 2016

Maîtrise de l’anglais et du français indispensable.
Poste localisé à Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3.

Rattaché physiquement à l’Irphil (Institut de recherches philosophiques de Lyon), le contrat doctoral travaillera étroitement avec son homologue en économie-gestion, un ingénieur de recherche en appui à l’organisation, et l’enseignant-chercheur en charge du projet.

Merci d’envoyer CV, lettre de motivation, résumé du projet de thèse et bibliographie coblée à : jean-philippe.pierron@univ-lyon3.fr et claire.harpet@univ-lyon3.fr

Délai d’envoi des candidatures (par mail exclusivement) : 28 juin 2015


Audition des candidats pré-sélectionnés à Lyon le 7 juillet 2015 après-midi

2 commentaires:

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